dimanche 30 mars 2008

Tupiza

Descente vers Tupiza, dans le sud bolivien, quasiment à la frontière argentine. Nuit difficile, dans un bus vieillot, sur une route... pavée !

Petite ville plantée au milieu de montagnes rouges qui vit autour du souvenir de Butch Kassidy et Sundance Kid, mythiques bandits nord-américains qui ont eu la bonne idée de finir leur jours planqués dans les canyons du coin.







Ballade à cheval de 5 heures.











Boris voulait effacer ses souvenirs de morsure, à l'âge de 5 ans, au Salon de l'agriculture... C'était la dernière fois qu'il avait approché un cheval !
C'est aussi ça le voyage... affronter ses peurs, dépasser ses limites, aller au bout de soi... ;-)

Paysages sublimes de roches rouges, de canyons, de cactus. On se croirait au Far West !




Devant tant de beauté sauvage, Cécile entre en transe...











Tupiza s'avère aussi être le lieu de départ idéal pour un tour dans le désert du sud Lipez et le salar d'Uyuni, qui soit un peu alternatif par rapport à "l'usine touristique" qu'est la ville d'Uyuni. Le jeu consiste à trouver une agence qui ait l'air valable et des compagnons de voyage avec qui passer 4 jours enfermés dans un 4 x 4. On a trouvé les notres dans un cyber café en vous écrivant... Suite au prochain post !


Page sportive : la FIFA a interdit les matchs de foot internationaux à plus de 2.500 m d'altitude. La Bolivie pleure.

jeudi 27 mars 2008

Sucre

Comment ca marche ??













Sucre, ex capitale de Bolivie et où a été proclamée l'indépendance du pays, reste l'actuelle capitale judiciaire. Musée et guide très intéressants qui nous font découvrir les péripéties de l'histoire bolivienne. Les libérateurs (vénézueliens) de la zone, Simon Bolivar et Mariscal Sucre, sont encore aujourd'hui présents sur chaque monument ou "place d'armes".

Farouchement anti Morales, la ville affiche son opinion en appelant la population à voter non à la nouvelle constitution soumise à référendum le 4 mai prochain.

Le projet de constitution divise gravement le pays. Les régions les plus riches, dites de la media luna, menacent de réclamer leur indépendance si le oui l'emporte. De nombreux affrontements ont lieu à l´heure actuelle dans la région de Santa Cruz, capitale économique du pays. Morales et le Gouverneur de Santa Cruz tentent de trouver un accord sous la médiation de l'Eglise catholique. Sans succès à l'heure où nous écrivons.



Ville coloniale blanche superbe, patios dans chaque bâtiment, altitude moindre (on passe sous la barre des 3 000), chaleur retrouvée... une douceur de vivre qui contraste avec l'altiplano.

Et aussi, la ville abrite la plus vieille fac de droit d'Amérique du Sud...



lundi 24 mars 2008

Potosí

"Je suis la riche Potosí, le trésor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois"

Exagéré ?
Pas tant que ça si on sait que le Cerro Rico, la "montagne riche" qui domine la ville de sa couleur rouge, a alimenté l'Europe en argent pendant des décennies, que les historiens s'accordent sur le fait que Potosí et son exceptionnel apport de richesses vers l'Europe ont contribué à permettre la naissance du capitalisme dans le vieux continent, qu'au XVIIème siècle Potosi comptait plus d'habitants que Paris ou Londres, qu'elle a drainé de nombreux artistes en en faisant une des villes les plus riches architecturalement et culturellement de l'Amérique du Sud.

L'Espagne vivait à crédit dans l'attente des navires chargés d'argent qui traversaient l'Atlantique. La monnaie à destination de l'Europe était directement frappée à Potosi dans la Casa de la Moneda, que nous avons visitée.

Et pendant que l'Europe s'enrichissait, on estime à 8 millions le nombre d'indigènes et d'esclaves africains qui sont morts dans les mines ! La population actuelle de la Bolivie !!
Le recours aux esclaves d'Afrique est en effet intervenu parceque l'exploitation des mines par les seuls indigènes n'était pas assez rapide au goût des espagnols. C'est le fameux commerce triangulaire qu'on apprenait à l'école. On a du mal à imaginer le choc pour les populations déplacées des côtes de l'Afrique de l'ouest vers les mines boliviennes situées à 4.000 m d'altitude.


Aujourd'hui, le filon de l'argent s'est épuisé depuis longtemps mais quelques milliers de mineurs poursuivent l'exploitation de la mine pour y extraire de l'étain, du zinc et des résidus d'argent, dans des conditions de travail d'une particulière dureté.


Les mineurs s'organisent en coopératives privées depuis que l'Etat, qui avait nationalisé les mines, s'est désengagé de l'exploitation.



L'inhalation des produits nocifs, l'absence de mesures de sécurité, font que l'espérance de vie des mineurs ne dépasse pas 45 ans.

Pour tenir, les mineurs, comme déjà leurs prédecesseurs à l'époque des colonies, entrent sous terre avec des feuilles de coca qu'ils machent et forment une boule qu'ils se collent dans une joue (effet coupe-faim et stiumulant nerveux), de l'alcool et des cigarettes.

Tout s'achète sur le marché des mineurs, même la dynamite !




Nous avons hésité à aller visiter les mines par peur du voyeurisme. Finalement, un ancien mineur nous y a conduit. Willy a travaillé dans les mines de 12 à 18 ans. A son retour du service militaire, son père était mort d'un accident dans les mines ce qui l'a décidé à ne plus redescendre pour y travailler mais pour témoigner de ce qui s'y passe. On ne regrette pas. On ne peut pas imaginer les conditions de travail de ces mineurs sans descendre là où ils vont...


Sous la Terre se trouve le diable. C'est donc à lui, "El Tio", que les mineurs font des offrandes afin d'obtenir sa protection et, leur pòrtant chance, leur permettre de tomber sur un bon filon.



Nous rentrons dans les boyaux horizontaux pendant quelques centaines de mètres avant de descendre plusieurs niveaux à la rencontre de mineurs qui construisent une nouvelle galerie, à l'aide de la dynamite.

Stalagtytes de cuivre oxydé







Les galeries sont étayées tant bien que mal et l'eau suinte en permanence. Les évacuations de minerais se font à l'aide de treuils manuels et tout est évacué vers l'extérieur par des wagonnets tirés et poussés par 3 hommes. L'air est suffocant, rempli de fines poussières toxiques. On passe sans transition d'une chaleur oppressante au très froid. Plus on avance plus l'air se raréfie, malgré un système d'arrivée d'air présent dans certaines galeries.


Au bout de deux heures, il arrive un moment où on a tellement le sentiment d'étouffer qu'on fait demi tour pour remonter à l'air libre.




Test de dynamite

vendredi 21 mars 2008

Pâques à La Paz

La Paz, ville chaotique.


Perchée à 4.000 m d'altitude, il s'agit très certainement d'une des rares villes où les riches habitent en dessous des pauvres. A ces hauteurs là, quelques centaines de mètres en moins sont précieuses !
















Je me branche ou ?











Eglise San Francisco, dans le vieux centre, quartier à la fois touristique et majoritairement indigène. Un des beaux exemples du style baroque sud-américain de La Paz.




Le vendredi saint, jour férié, la ville s'arrête pour assister a la procession. Mélange des genres : parades militaires et tableaux religieux forment un même cortège, au son des différentes fanfares. Solennel et impressionnant !





Tout le monde se met sur son trente-et-un pour Pâques !








Le samedi soir, dans un quartier un peu plus chic, nous tombons par hasard sur un défilé (on sera d'ailleurs étonnés de constater, dans chaque ville traversée, du goût des boliviens pour les parades en tous genres, des écoliers avec fanfares et luminions aux militaires avec bayonnette, quasiment aucune journée sans qu'on n'ait droit à un petit défilé).
Un habitant du quartier nous explique qu'il s'agit d'une des festivités de la commémoration de la "journée du littoral" qui "fête" la perte de l'accès à la mer de la Bolivie. Toute la zone Pacifique de la Bolivie a été annexée par le Chili (la Guerre du Pacifique), sous l'oeil bienveillant des anglais, afin d'exploiter les ressources minières de cette région. Le 23 mars 1879 a péri sous les balles chiliennes Eduardo Avaroa, désormais héros national glorifié par les boliviens. En tout, entre les agressions chiliennes, brésiliennes, argentines et paraguayennes, la Bolivie a perdu en moins d'un siècle la moitié de son territoire d'origine, territoire qui initialement correspondait à la région du Haut Pérou selon le découpage fait par les espagnols. Des pourparlers pour obtenir un accès à la mer sont toujours d'actualité.

Au cours de notre défilé du samedi soir donc (on vous rappelle qu'on se trouve dans un quartier bas de La Paz, donc moins indigène, donc plus riche), la population ovationne l'équivalent de nos CRS et hue le maire et ses adjoints, indigènes, qui, imperturbablement, avancent poing levé. Imaginez les CRS applaudis en France par la foule !
Notre interlocuteur nous tient des propos douteux en nous annonçant que lors du défilé du lendemain (encore un !) en l'honneur d'Eduardo Avaroa et en présence du Président Evo Morales, les habitants du quartier se sont organisés : "on viendra avec du désodorisant, les indiens descendront du haut de la ville pour l'occasion, ça va sentir mauvais ; ils ne sont pas les bienvenus chez nous". Sans commentaire !... Illustration cuisante de la division extrême qui frappe la Bolivie et que nous constaterons tout au long de notre séjour.

Lors de la parade du dimanche, on se retrouve à quelques mètres d'Evo Morales, premier Président indigène, qui porte l'espoir des plus pauvres et de son milieu d'origine.













Pour voir si vous avez bien tout compris : cochez entre les deux photos suivantes celle de l'indigène.














Le dimanche après-midi nous montons jusqu'à El Alto, ville indigène qui jouxte La Paz. Une grande feria (marché) s'y déroule. Nous traversons le quartier des sorciers et autres diseurs de bonne aventure dont les étals regorgent de produits improbables (foetus de lama, morceaux de cactus, herbes et potions en tous genres).

Vue imprenable sur la ville depuis ces hauteurs.