jeudi 31 juillet 2008

Sulawesi : de Macassar au Pays Toraja


Premier chassé-croisé de l'été.

Les juilletistes rentrent en France, fini les grandes vacances.
Bien au delà du fromage et du saucisson trimballés dans les bagages, c'était hyper sympa de retrouver la tribu familiale et de partager avec nos proches un mix de TDM, de voyage à l'étranger et de vacances familiales. Pas banal !
Et nous on reprend la route et le rythme du TDM.
Après quelques tergiversations, qui nous font hésiter à partir à la découverte de Flores, île dont on n'arrête pas d'entendre parler comme d'une "révélation", on reste sur notre plan initial ; direction : les Sulawesi ! Ile en forme de papillon découverte par les Portugais ( les Célèbes à l'époque). On a 10 jours devant nous ; on se limite à la branche sud-ouest. Pourtant tant d'autres choses à voir aux Sulawesi, et notamment un parc marin dans le nord-est, un des must mondiaux de la plongée, auquel on renonce faute de temps. En fait on réalise qu'on n'aura quasiment pas plongé en Indonésie...
La Garuda Airlines nous dépose à Macassar, grande ville portuaire de la région en son temps, et capitale des Sulawesi.









Après une nuit étape, on s'installe dans un bus pour 9 heures de trajet (ça ne nous était pas arrivé depuis l'Amérique du Sud !), avec un panorama dingue qui défile sous nos yeux jusqu'à Rantepao, au coeur du pays Toraja.


On se ballade à pied dans la campagne et les villages alentours et on se heurte aux particularités de la culture Toraja... assez étonnante et surtout qui reste très ancrée.

Partout ces maisons en forme de bateaux (pour commémorer d'ailleurs l'arrivée des ancêtres par la mer).






Architecture toujours d'actu, on voit des "maisons bateaux" en construction partout dans la région, dans le moindre village.

En face de la maison, en général, le grenier à riz, selon une architecture similaire :

Lieu sacré où personne n'a le droit d'entrer (sauf pour y entreposer le riz et en prélever, restons logique) ; c'est le garde-manger et souvent la seule source de revenus de la famille ! Du coup le riz est devenu quasiment un objet de culte.

Et sur le fronton de la maison, les cornes des buffles sacrifiés à l'occasion des cérémonies funéraires des membres de la famille. Symbole visible de richesse.
Parce que là on passe aux choses sérieuses : la cérémonie funéraire chez les Toraja !

D'après ce qu'on a compris : le mort n'est pas considéré comme mort. Ca veut dire qu'il "vit" au milieu de la famille... enformolé, et qu'on lui apporte ses repas comme à n'importe qui d'autre. Ca peut durer des années, jusqu'à ce que la famille ait réuni assez d'argent pour procéder à un enterrement digne ce de nom. Le nombre de personnes réunies et de buffles sacrifiés pendant la cérémonie seront autant de gages d'un bon passage du défunt dans l'au delà. Ca dure des jours, entre la réception des invités, le transport du corps, les échanges de cadeaux, le sacrifice des animaux, les festins, etc... Des patrimoines entiers peuvent y passer !

Et les corps des morts sont ensuite exposés : dans des cercueils accrochés aux falaises...










... dans des tombeaux pour les plus prestigieux,


... ou enfouis dans la roche,


... et sous la forme d'effigies censées représenter le défunt.



La seule carte de la région qu'on a trouvée est aléatoire. On se perd mille fois au milieu des rizières... et on se retrouve toujours dans des endroits incompréhensibles par rapport à la carte.


Evidemment pas le moindre panneau et une vraie première : la barrière de la langue. Première fois depuis le début de notre voyage qu'on tombe dans une zone où on ne peut pas du tout échanger avec les gens. Mais on finit toujours pas arriver là où veut, et parfois plus vite que prévu !















Et c'est comme ça qu'au détour d'un chemin, on tombe par hasard sur un combat de coqs, en principe interdit (parce que le sel du combat c'est le pari et que certains y laissent beaucoup beaucoup trop d'argent par rapport à leur revenu...) mais qui reste l'activité favorite du coin. Tout le temps, en fin de soirée, on voit des hommes à moto avec un coq sous le coude, caché sous le manteau.
Et là donc, entre deux rizières, un groupe d'une vingtaine d'hommes et presqu'autant de coqs, tous plus beaux les uns que les autres ; les billets circulent, beaucoup, les animaux sont énervés et le combat commence. Tension et cris. C'est fini et nous on ne sait pas qui a gagné.














Un coq à qui on ajoute une lame :


Parce qu'il est moins fatiguant de se perdre en deux roues, on loue un scooter les jours suivants. Et on poursuit notre découverte de la zone.

On se fait parfois surprendre par la pluie, véritable déluge qui nous oblige à nous abriter où on peut : dans un chantier, dans un commissariat de police...


Le marché aux bestiaux du dimanche, pour lequel tout le monde descend des montagnes avoisinantes :







Petite précision : tous les animaux que vous voyez sont bel et bien vivants, même les ligotés sur leur lit de bambou ; certains essayent de s'enfuir et tous braillent dans un joyeux bazar et au milieu d'odeurs... hmm... on vous laisse imaginer !









Grosse production de café également en pays Toraja. On en voit sécher partout et on suit toutes les phases de la transformation du produit.






Pareil pour le cacao.

Les indonésiens ont une manie : se faire prendre en photo avec nous ; enfin avec tout blanc qui peut croiser leur chemin, encore mieux s'il est blond ! Imaginez notre succès ! C'est un des rares endroits où on est plus pris en photo qu'on ne prend de photos .


On assiste aussi à une compet' de moto cross qui fait trois dates en Indonésie dont une aux Sulawesi. Des gars de "Nikki Super", marque de clopes qui sponsorise l'évenement, qui logent dans notre petite pension, nous invitent.

Amusant de voir une marée de deux roues qui grimpent le petit chemin défoncé menant au lieu de la compet', à 3, à 4 sur la même mob, pour assister à une course de moto au milieu des rizières ! C'est l'évenement du coin ! Très contents de notre présence, lke staff de notre pension nous offre le kit complet de ce qui pouvait se gagner à la tombola : un mug, une horloge, un cendrier, une casquette, un plateau... bref, tout l'attirail indispensable pour voyager léger. Notre logeuse en a été enchantée.

Enfin, on part pour deux jours de treks dans les montagnes... accompagnés d'Anton, notre guide à l'allure nonchalante et à qui on donne le rythme ; on veut marcher et lui aime un peu trop à notre gout s'arrêter toutes les 5 minutes ou au moindre prétexte pour taper la causette.

On traverse des rizières époustouflantes, terrasses à flanc de montagne.

Le cycle de production du riz n'a plus de secret pour nous ; on assiste à toutes les étapes : du moment où ils le font germer, aux semis ou à la récolte.

On passe la nuit chez l'habitant.

Notre maison :

Nos petits voisins,

notre logeuse,

Le lit... toujours trop petit pour une "taille Boris".

Le réveil. Pas mal comme fenêtre, non ?

Pour le deuxième jour de marche, le temps n'est pas avec nous. Pluie torrentielle, on est trempés et bloqués deux heures dans une sorte de hangar.

Le pauvre Anton qui pense qu'on va abandonner et demander à rentrer par la première voiture venue n'y croit pas : il est tombé sur des fous furieux qui préfèrent attendre que la pluie cesse.

Et on est récompensé, le reste de la ballade est superbe !

On rentre sur Rantepao comme tout le monde : perchés sur des sacs d'on ne sait pas trop quoi, à l'arrière d'un camion qui dévale les derniers kms qui nous séparent du village.