mercredi 8 octobre 2008

Varanasi et le fleuve sacré du Gange



Après les singes et les rats qui pullulent dans la gare d'Agra, celle de Varanasi nous accueille tout simplement avec quelques vaches.

Apre négo avec le rickshaw (encore une fois !) et départ pour la vieille ville.



Notre rickshaw s'arrête en bordure de la vieille ville, le Chowk, où il ne peut pas entrer tellement les ruelles sont étroites et forment un vrai dédale, avec des escaliers dans tous les sens (et pourtant, ça passe partout un rickshaw !).










Nous trouvons une guesthouse dans le Chowk, donc, en bordure du Gange éternel, tout près du "ghât" principal de Varanasi, ces fameux quais en escaliers qui longent le fleuve sacré sur des kilomètres.




Impossible de ne pas se perdre dans le labyrinthe du Chowk. On a d'ailleurs du mal à appréhender cette ville tant elle nous semble dense et inextricable sur bien des points de vue.























La gargotte où on vend les meilleurs dosaïs de Varanasi !











Varanasi, ou Benarès, est la principale ville sainte de l'hindouisme ; construite le long du Gange, ce fleuve purificateur qui incarne les différents cycles de la vie d'un hindou, où on se baigne, s'abreuve, se recueille, où on fait des offrandes, où on meurt ; c'est le fleuve sacré entre tous.


C'est surtout ici qu'il faut mourir et être incinéré pour échapper au cycle des réincarnations.

Près de 200 crémations ont lieu tous les jours à Varanasi. Depuis un immeuble voisin qui domine Manikarnika, le "burning ghat", nous assistons à la tombée de la nuit à ce rituel impressionnant, et troublant pour les occidentaux que nous sommes.

Tout comme l'ensemble de la ville, ce lieu est indescriptible et son atmosphère certainement unique au monde. Les différents bûchers éclairent les alentours, alimentés en bois par les intouchables, les seuls à pouvoir exercer cette fonction. D'immenses piles de bois (de différentes sortes, selon les moyens de la famille du défunt... le plus cher et le plus précieux étant le bois de santal) s'entassent et sont stockées le long du quai. L'odeur est forte et pique la gorge. Aucune femme n'est visible ; seuls les hommes accompagnent le défunt jusqu'au bout. C'est le fils ainé de la famille, crane rasé pour la célébration, qui, après avoir fait 5 fois le tour du bûcher, allume le feu avec l'aide des tisons de l'âtre principal. On dit que celui-ci est entretenu et brûle de façon ininterrompue depuis près de 3.000 ans, à une époque où les principales autres religions de notre monde actuel n’existaient pas encore !! D’ailleurs, ici, tout semble tellement hors du temps que l’on peut facilement penser que ces traditions traverseront les siècles à venir sans encombre.

Les cendres seront ensuite dispersées dans le fleuve pour le dernier voyage. On nous a expliqué que les vaches, les sadhus (ascètes mystiques), les bébés, considérés comme purs, et les femmes enceintes, purifiées par leur bébé, ne sont pas brûlés. Les lépreux non plus, pour des considérations qui relèvent plus du pragmatisme et de l’hygiène. Ils sont enterrés ou directement et tout simplement immergés dans les eaux sacrées du Gange !

Dans les ruelles du Chowk, il nous est arrivé de croiser des hommes qui couraient et chantaient en portant un corps recouvert d’un linceul. La première fois, Cécile n’a pas compris de quoi il s’agissait et pensait que ces hommes préparaient les festivités de Dasshein.

On arrive en effet à Varanasi en plein dans les célébrations de Dasshein, fête qui dure 9 jours en l’honneur de la déesse Durga, la plus parfaite des déesses du panthéon hindou, celle qui a été créée par tous les dieux réunis qui lui ont chacun donné leur force, et celle qui a terrassé le démon ; elle est aussi considérée comme un avatar de Parvati, ou la femme de Shiva, on a du mal à s’y retrouver.























Tiens ! Un Ganesh au milieu des Durga !!

Notre chouchou, on ne s'en lasse pas.









Une quantité invraisemblable de statues de Durga sont construites, ses images sont peintes ou dessinées, adorées dans des petits sanctuaires installés dans la rue, puis transportées les derniers jours jusqu’au Gange pour y être immergées. Le tout en grande pompe naturellement !

Ca donne lieu à des défilés et à des processions inouïes en nombre de participants et en intensité, en ferveur, en danse, en chants.

On est passés dans le Nord de l'Inde et ça se ressent (enfin tout du moins c’est comme ça qu’on l’analyse). Contrairement aux fêtes de Ganesh à Bombay, peu de femmes participent aux défilés, chantent et dansent. On les voit aux abords des cortèges, le long des ghâts, qui font des offrandes ou assistent aux cérémonies, mais peu défilent derrière les images ou statues de Durga.




Les prêtres se déchainent !

Chaque rituel est esthétique et captivant... et nous amuse parfois !






Les processions de Durga sont vraiment étonnantes. A côté de religieux en tenue orange qui défilent au son des chants hindouistes mystiques, certains chars nous font plus penser à une échappée de la techno parade berlinoise et les hommes dansent presqu’en transe au son des percus et de la musique diffusée à fond par des enceintes installées sur des camions…







Comme parfois en Inde, il arrive un moment où on a l’impression, compte tenu de la foule et de l’intensité avec laquelle les indiens vivent l’évènement, que tout peu basculer d’un instant à l’autre. On ne se sent plus trop en sécurité et on se réfugie sur la terrasse d’un petit restau situé sur le toit d’un immeuble qui domine la rue menant au ghât principal.



Durga Puja ou pas, tous les soirs, la foule se rassemble sur le ghât principal où ont lieu cérémonies et prières (pujas) : incantations, offrandes à base de bougies et de fleurs lachées sur le Gange ; mélodies répétitives et entêtantes...




























A 5 h du mat', on part se ballader le long des ghâts pour voir le soleil se lever sur le Gange. Dès 4h, alors qu'il fait encore nuit, les quais sont envahis de gens qui viennent y faire leurs ablutions, une séance de yoga ou une offrande. A la lumière du soleil levant, les couleurs prennent toute leur intensité.

A 7 heures, le soleil est déjà levé depuis plus une heure et commence à cogner.



















Le long du fleuve s'alignent les palais construits par des maharajas ou des communautées religieuses originaires de l'Inde entière. Tous veulent avoir un accès privilégié au coeur de la ville sacrée.
























Aux bouts de 4 jours à Varanasi, on est très loin d'en avoir fait le tour et on voudrait prolonger notre séjour, mais le Népal nous appelle, on a déjà bien débordé sur le temps qu'on imaginait consacrer à l'Inde. Dernier jour à Varanasi donc ; petite ballade en bateau au crépuscule. Hmmm, on croise une vache qui flotte !...


"Ganga bougie-globe" !